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Equi coaching... non merci !

Sur le papier l'équicoaching a de quoi séduire. Surtout quelqu'un comme moi qui aime les chevaux et qui travaille à former des personnes, notamment sur leur savoir-être.

J'avoue que l'idée m'a même séduite un temps : j'avais envie de suivre une formation de formateur sur le sujet.

Ca, c'était avant. Avant que je réfléchisse un peu sur la nature humaine, et que je me forme beaucoup sur la nature équine.

 

Après cette mûre réflexion, je pense désormais que dans la pratique, l'équicoaching est surtout une mauvaise idée.

 

Pour l'humain : quand règne la peur, on n'apprend rien...

Je ne compte plus le nombre de gens qui me déclarent avoir peur des chevaux chaque fois que j'en parle. Ca représente environ les 2/3 des gens que je côtois. Ce qui est suffisamment conséquent pour se dire que la plupart des gens sont angoissés à l'idée de croiser un cheval de près.

Alors pourquoi les forcer ? Pourquoi les mettre dans une situation de peur ? Pour qu'ils se révèlent ? Mais que vont-ils révéler finalement ?

Vous allez me dire : "Justement, il faut qu'ils se dépassent." Sauf qu'aucun être vivant ne peut apprendre quand il atteint un certain seuil de peur. Le système cognitif se bloque. Donc... ça ne fonctionne pas.

"Cela permet de se révéler en situation de stress", diront d'autres. Ca ne fonctionne pas non plus. Personne ne connait au bureau, un stress identique à la peur d'être blessé ou bousculé par un animal de 500kg. Le cerveau ne réagit pas pareil. Il réagit en fonction de la situation, du contexte, pas juste du stress. La peur de mal faire et la peur d'être atteint dans son intégrité physique n'apporte pas les mêmes réponses du cerveau, parce-que ces deux situations ne mettent pas le cerveau dans le même état.

 

Enfin, à mon sens, il est indispensable que le formateur en qui-coaching soit formé à la fois à la psychologie-cognitive humaine et à la fois à l'espèce équine. Ce qui est très rarement le cas des prestatataires qui proposent ces stages. D'où des interprétations qui peuvent être néfastes pour l'individu. Ce qui est l'inverse de l'objectif recherché.

 

Pour le cheval : son bien-être

 

Dans la très grande majorité des cas, les personnes qui forment avec l'équicoaching ne sont pas formées à l'espèce équine. Ce qui a deux conséquences :

  • une interprétation erronée du comportement du cheval, qui entraine une analyse erronée de la situation. On n'apprend un élément faux à l'humain et on se fourvoie dans la relation au cheval
  • une utilisation du cheval qui ne tient pas compte de la souffrance engendré par les exercices avec l'humain, des besoins fondamentaux de l'espèce, de la possibilité de compenser ces exercices.

Il est probable que ce paragraphe m'attire quelques foudres, alors je précise. Une partie des formateurs en équi-coaching sont souvent des coach d'équitation, qui connaissent très bien les chevaux au travail. A savoir les chevaux qui travaillent pour l'humain à réaliser des prouesses (concours, apprentissage de l'équitation...), mais le cheval en tant que révélateur est une tout autre "discipline" qui ne s'improvise pas. Parce-que le bien-être de l'humain et de l'animal sont en jeu, parce-que chacun des deux individus a un système cognitif spécifique et qu'il faut savoir analyser la relation avec finesse, discernement et humilité.

 

Attention, l'équicoaching n'est pas de la médiation animale. Les formateurs ne reçoivent pas la même formation.

Les professionnels de la médiation animale sont formés à la psychologie humaine et aux fondamentaux de l'éthologie animale; et ils sont de plus en plus nombreux à compléter leur formation à l'éthologie animale.

Egalement, les participants ne sont pas invités de la même façon et pour les mêmes raisons à cotoyer les chevaux. En médiation animale, le patient a le choix (ce qui change tout!) de s'approcher de l'animal ou pas. On respecte sa peur et on procède par étape, en lien avec la capacité cognitive de la personne. Les chevaux sont rigoureusement sélectionnés en fonction du patient.

La médiation animale avec les chevaux apporte des résultats efficaces et concrets dans la durée à des personnes en réelle souffrance (autisme, anorexie, handicap locomoteur, mais aussi pour les aidants familiaux...). Voir Equiphoria pour de plus amples informations sur le sujet. 

 



28/01/2019
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