Bottom-up : leçons d'une expérience
Pour accompagner la transformation digitale, j’ai expérimenté le bottom-up.
L’objectif était de demander à une 50aine de collaborateurs représentatifs de l’entreprise, d’identifier leurs besoins en termes d’accompagnement à l’acculturation digitale. A partir de ces besoins, nous leur demandions de construire des solutions et de sélectionner celles qui étaient les plus pertinentes et réalisables. Ensuite, nous leur avons demandé de prototyper ces solutions pour être certains que nous allions dans la bonne direction.
Ne pas trahir
Deux ans plus tard, nous avons respecté quasiment à la lettre les solutions requises :
- une communauté d’ambassadeurs issus du terrain, les compagnons du numérique qui s’enrichissent entre eux via leurs retours d’expériences.
- du rapid learning (l’académie digitale de Net Explo)
- et des formations de pair à pairs (en distanciel avec les tutoriels de Speach me et en présentiel avec un site développé par Simplon pour rendre visible les ateliers d’échanges de bonnes pratiques).
Avec l’équipe, nous sommes très fiers d’avoir respecté les solutions issues du terrain, mais cela n’a pas été une mince affaire.
Ce que je retiens, c’est que pour garder le cap, il faut une résolution absolue : ne pas trahir ce qui nous a été donné. Respecter les solutions, ne pas les dénaturer. Pour ce faire, nous les avons sans cesse challengés par les collaborateurs. Les solutions ont certes évolué pour s’adapter à la réalité et aux contigences, mais nous avons respecté la philosophie.
Des aller-retour avec le terrain... tout le temps
Et garder la philosophie, c'était avant tout rester bottom-up tout le temps. Je m'explique : le bottom-up ne s’est pas arrêté à la conception, il s’est poursuivi avec nos compagnons (les ambassadeurs internes de l’acculturation digitale). Après le prototypage, nous avons fait un pilote pour éprouver le dispositif dans son ensemble, le fonctionnement du système. Le prototypage avait porté sur chaque solution prise à part, sans lien avec les autres.
Les compagnons du pilote, nous ont challengés. Nous avons par exemple changé de solutions de rapid learning. La première n’étant pas vraiment rapide… Nous avons dessiner avec eux les contours de leurs missions, en tenant compte des impératifs de leur activité, de leur manager, de leur degré de maturité digitale.
Puis, au fil des mois, ces premiers compagnons ont construit avec nous une formation adaptée pour les futurs compagnons. Formation que nous avons fait évolué avec d’autres compagnons et les feed-backs que nous avions à l’issue des formations.
Nous sommes donc restés le plus proche du terrain possible.
Lâcher-prise, vous disiez...
Dans cette période, j’ai vécu deux expériences très difficiles : le lâcher-prise. J’ai l’habitude de concevoir moi-même les ateliers, les formations (depuis plus de 10 ans). Je fais du digital depuis plus de 20 ans, et j’ai une vraie tendance au leadership. Là, j’ai dû laisser les autres s’approprier le sujet sans influer (super difficile !!!), changer de mode de leadership (pas facile). Mais aussi, accepter que les actions des compagnons ne soient pas celles que j’avais envisagées. La motivation à lâcher prise a fini par me gagner. Pourquoi ? Précisément parce-qu’ils ont fait ce que je n’aurais pas fait et ce qu’ils ont fait est génial. Parce-que c’est une dynamique incroyable, une énergie qui souffle sur la vie professionnelle et une énorme satisfaction de voir des gens motivés. Finalement, c’est bien plus satisfaisant personnellement et professionnellement que de concevoir seule une formation. Et puis, on apprend incroyablement et ça, c’est ma motivation profonde depuis toujours. :-)
Garder le cap (ça peut tanguer!)
La deuxième difficulté : garder le cap. Il est grand le risque d’écouter les feed-backs et d’aller vers un concensus ou de naviguer dans les dires des uns, puis les dires des autres. Pour un bottom-up qui tient, il faut aussi savoir trancher et garder un cap. L’objectif que l’on s’est fixé, la conviction ou l’intuition que l’on a au départ.
Par exemple, nous savions que nos formations ne donnaient pas de mode d’emploi du compagnon, nous ne voulions pas qu’ils sachent comment faire, mais qu’ils expérimentent à partir des moyens que nous leur donnions : des ressources pédagogiques, un accompagnement pédagogique, un soutien de la communauté de compagnons. Nous avons tellement entendu à la fin de nos formations : « on ne sait pas comment faire. » « On n’a pas l’habitude de faire comme on veut ». Oui, mais moi mon intuition c’est que le digital c’est de l’expérimentation et de la collaboration et que si on ne leur permet pas de le faire, et bien, on ne peut pas apprendre. Un mode d’emploi est contre-productif. Mais, j’avoue, il a fallu tenir contre vents et marées, car tout le monde s’y est mis. In fine, le succès est au rendez-vous : nous avons vu des personnes éclorent littéralement sous nos yeux alors qu’ils étaient récitents.
En synthèse
Finalement de mon expérience du bottom-up, je retiens trois mots-clés : laisser faire, garantir le cadre, ne pas trahir.
C’est difficile, cela demande une énergie incroyable.
En retour, cela renvoie une énergie incroyable, des belles rencontres et une foi en l’humanité : chacun, à son niveau et à son rythme, peut bouger les lignes pour peu qu’on lui en donne les moyens et la latitude.
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